Ce matin, le soleil a bon appétit (04)

Stanley Kubrick, Peter Sellers et Shelley Winters sur le tournage de Lolita [© Joe Pearce]


[cliquez, cliquez sur les liens pour les bonus !]

Il y a quarante-quatre ans tout rond, le 05 août 1969, Jean-Patrick Manchette écrit dans son Journal :

« … Aujourd’hui nous sommes allés voir 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE de Kubrick, au cinéma du casino au Tréport. Public calme, prix modérés, une heureuse ambiance. Le film lui-même est un très beau spectacle. Laudativement et péjorativement parlant. On ne s’ennuie pas une seconde pendant les près de trois heures de projection. Cependant, après la projection, il ne reste pas grand-chose du film dans l’esprit du spectateur, à part des beautés formelles, et une énigme que Kubrick et Arthur C. Clarke — co-scénariste — ont mis là-dedans en tant que telle. Il y aurait beaucoup à dire sur ce film, mais la première chose à en dire est que c’est une série B roublarde avec un très gros budget, filmée par un bonhomme assez intelligent pour avoir envie d’aller trop loin, mais aussi pour savoir jusqu’où on peut n’aller pas assez loin, et qui se console parfois de l’ensemble en filmant des formes et des couleurs pures, sans contenu.
Le plus kubrickien de la chose est sûrement le prologue des pithécanthropes. Ensuite, spectacle de la technique, puis paradoxes débiles, mais grands fastes formels.
Un vrai gâteau à la crème, en tout cas.
Pour en revenir à nos journées, le meilleur moment est le soir après le dîner, car nous savons que nous n’aurons plus d’emmerdements avant le lendemain. Nous lisons, fumons et nous faisons des bises. Nous nous aimons. La vie est belle.
Avec tous mes emmerdements, je suis bien heureux. »

Aucun commentaire: