Escargologie (03) : Robert Desnos

Dans le cadre de sa désormais célèbre rubrique Escargologie, l’Escargot confie à Robert Desnos le soin de nous livrer le bulletin météo de ce dix-huit mars 2013 :

L’Escargot
« Est-ce que le temps est beau ?
Se demandait l’escargot
Car, pour moi, s’il faisait beau
C’est qu’il ferait vilain temps.
J’aime qu’il tombe de l’eau,
Voilà mon tempérament.

Combien de gens, et sans coquille,
N’aiment pas que le soleil brille.
Il est caché ? Il reviendra !
L’escargot ? On le mangera. »

Pas chien, l’Escargot signale en outre à son lecteur/cliqueur :
d’une, que Robert Desnos célébra joliment d’autres bestioles que lui ;
de deux, que Robert Desnos avait une voix, qu’il en joua bien et que la preuve ;
de trois, qu’il sut aussi dire l’amour, ici par l’entremise de Serge Reggiani.

Voici enfin ci-dessous (l’Escargot, décidément, n’est pas lésineur pour deux sous) le bonus du jour : L’étoile de mer, un quart d'heure filmé par Man Ray à grands coups de verre cathédrale sur la base d'un poème de Desnos, qui l'évoque en ces termes :

« Je possède une étoile de mer (issue de quel océan ?) achetée chez un brocanteur juif de la rue des Rosiers et qui est l'incarnation même d'un amour perdu, bien perdu et dont, sans elle, je n'aurais peut-être pas gardé le souvenir émouvant. C'est sous son influence que j'écrivis, sous la forme propice aux apparitions et aux fantômes d'un scénario, ce que Man Ray et moi reconnûmes comme un poème simple comme l'amour, simple comme le bonjour, simple et terrible comme l'adieu. Man Ray seul pouvait concevoir les spectres qui, surgissant du papier et de la pellicule, devaient incarner, sous les traits de mon cher André de la Rivière et de l'émouvante Kiki, l'action spontanée et tragique d'une aventure née dans la réalité et poursuivie dans le rêve.
Je confiai le manuscrit à Man et partis en voyage. Au retour, le film était terminé. Grâce aux opérations ténébreuses par quoi il a constitué une alchimie des apparences, à la faveur d'inventions qui doivent moins à la science qu'à l'inspiration, Man Ray avait construit un domaine qui n'appartenait plus à moi et pas tout à fait à lui...
Qu'on n'attende pas une savante exégèse des intentions du metteur en scène. Il ne s'agit pas de cela. Il s'agit du fait précis que Man Ray, triomphant délibérément de la technique, m'offrit de moi-même et de mes rêves la plus flatteuse et la plus émouvante image. »



[photo : André Kertész (source : RMN)]

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